Apprendre précisément au moment de la réception d’une évaluation

Certains des enseignements que j’ai suivis durant mes études m’ont marqué d’une manière particulière. J’ai par exemple appris beaucoup dans les cours de communication. Et je garde fortement à l’esprit un cas où c’est le fait de ne pas avoir eu la note maximale en informatique qui a été l’une de mes plus grandes leçons.

C’était un enseignement portant sur les microprocesseurs et leur interfaçage. Dans le cadre des travaux dirigés, il fallait réaliser un projet autour du microprocesseur 68000 de Motorola : mettre en œuvre sur le plan matériel et au niveau logiciel un système répondant à un énoncé au choix.

Nous étions trois sur un sujet qui ne me semblait pas proposer de difficultés majeures. Nous avons assemblé quelques composants, écrit du code en assembleur 68000 et procédé à de nombreux tests. Le résultat répondait, de notre point de vue, complètement au problème posé.

Et pourtant, l’évaluation que nous avons reçue n’était pas la plus haute possible. L’enseignant nous a précisé qu’il n’y avait effectivement aucun souci concernant la mise en œuvre technique, mais il a ajouté qu’au moment de la conception, nous aurions dû aller au-delà de l’informatique et de l’électronique. Il aurait fallu faire des recherches dans le domaine lié au sujet (la thermodynamique) pour que notre réponse soit encore plus pertinente.

C’est l’un des apprentissages qui a le plus compté pour moi. Prendre en compte un problème dans sa globalité/complexité, même si elle n’est pas présentée.

Évolution des pratiques de mes étudiants

Le semestre d’automne 2008 vient de s’achever ici à l’UTC. J’en profite pour faire un petit bilan sur les changements que je mesure en ce moment au niveau des pratiques des étudiants suivant mon cours IC03 sur le numérique et la photo.

Commençons par le matériel en amphi : les étudiants sont de plus en plus équipés d’ordinateurs portables. Au printemps 2007, c’était encore majoritairement des PC. Mais depuis l’automne 2008, les Mac ont pris l’avantage (avec principalement des MacBook d’Apple). Je remarque peu d’ultraportables : parfois des modèles d’entrée de gamme  (comme les Eee PC d’Asus), mais dont les utilisateurs ne semblent pas vraiment satisfaits, et aucun haut de gamme (comme le MacBook Air).

Avec le réseau sans fil de l’université, une partie des étudiants est donc connectée à Internet pendant les cours. Certains étudiants suivent en ligne les notions que nous abordons au fur et à mesure. Wikipedia semble souvent la cible de leur navigation. Leurs questions m’ont ainsi permis de constater quelques lacunes de la version française de cette encyclopédie. Je précise la version, car je n’ai pas retrouvé ces lacunes dans la version anglaise. J’ai un exemple en tête dans un autre domaine : en français, Wikipedia laisse penser que le mot podcasting a été inventé par Adam Curry, alors que la version anglaise précise que le mot vient de Ben Hammersley.

Certains forums font aussi partie des sources d’information de mes étudiants. Je m’y suis penché et j’y ai parfois remarqué des approches très pédagogiques. Par contre, les formulations n’y sont naturellement pas toujours faites dans les règles de l’art (exemple typique : « les ISO » plutôt que « la sensibilité »). Ces deux aspects ont une influence sur mon cours : j’intègre certains éléments pédagogiques à mon enseignement et j’insiste encore plus sur le vocabulaire.

Au fil de leurs découvertes sur le Web pendant mes cours, les étudiants tombent parfois sur des cas particuliers que je n’avais pas mis au programme (par exemple : les objectifs télécentriques). Comme je les invite largement à m’interpeller, ils n’hésitent pas et nous en parlons un peu. Il m’arrive aussi de reprendre ces points plus tard en détail. Dans certains cas, je les intègre même à mon programme (par exemple : le profil de couleur ProPhoto RGB). Par contre, dans d’autres cas, il peut s’agir de sujets vraiment trop éloignés du cours et je préfère rediriger les étudiants (par exemple : l’utilisation d’un appareil photo en particulier).

Finissons par les séances de travaux dirigés, avec les ordinateurs et les appareils photos : les étudiants ont de plus en plus de reflex numériques, avec lesquels je les invite à travailler (je n’ai pas encore autant de reflex numériques que de groupes d’étudiants). Par ailleurs, ils utilisent de moins en moins leur clé USB et de plus en plus des services en ligne, en particulier ceux de Google comme Google Docs et Picasa (notons qu’ils sont nombreux sur Gmail et Google Calendar). Avec Google Docs, ils travaillent plus facilement en collaboration au sein d’un binôme sur les documents que je leur demande tout au long du semestre. Et avec Picasa, ils partagent rapidement leurs reportages avec les personnes photographiées. Flickr est aussi largement utilisé.

Voici une photo de la salle de TD où mes étudiants sont venus en séances de travaux dirigés ce semestre.

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